Popper 1er feuillet

 

 

 

 

 

 

Popper 1er feuillet

 

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Cette page n’est pas le début d’un livre sur Karl Popper, quoique c’est en effet à ce philosophe autrichien que nous empruntons les mots de « société ouverte ». Le terme de société ouverte est aussi utilisé par Bergson. Il est libre de droits (1). Cette page ne sera pas non plus le début d’un livre. N’ayant acquis dans le passé aucunes références philosophiques, Il est évident que tous les éditeurs me le refuseraient. Il y a aussi le facteur de l’age qui entre en compte. A 70 ans passé on attend d’un auteur qu’il soit mur avec un passé structurant la pensée. Or mon passé n’a rien structuré du tout. Au contraire il a progressivement tout déstructuré. Je travaillait autrefois dans le transport des marchandises. Je faisais naviguer des navires et des camions entre l’Europe et la Chine. J’avais atteint mon idéal d’entrer en contact avec des chinois et d’en apprendre le plus possible sur cette civilisation.

 

Puis un jour au beau milieu de la foret de Fontainebleau que j’aimais beaucoup j’ai été le témoin d’une grève des transporteurs routiers. C’est ce qui m’a fait prendre conscience de la pollution que répandait le transport international sur la terre ?. J’ai quitté mon métier. A partir de la je me suis intéressé à l’écologie. Ça correspondait aussi au moment ou internet a démarré. J’avais mon premier ordinateur. Entre deux clients j’ai commencé à écrire. Je suis allé tout naturellement vers l’auto édition. Rien ne m’oblige à publier un livre d’un coup comme un objet fini. Une pensée déstructurée signifie plutôt que je vais faire des petits feuillets comme un journaliste. Vous pouvez vous abonner au feuilleton et vous attendre a un suspens. Le suspens cependant ne portera pas sur une intrigue policière.

 

Une autre raison technique de porter un texte sur internet, c’est que contrairement au livre, l’informatique permet d’utiliser des hyperliens ce qui ouvre la possibilité à l’auteur une 3°dimension au-delà de la longueur et de la largeur du texte. L’apparition d’un hyperlien est toujours une distraction pour le lecteur, un droit de s’intéresser à un une référence pour mieux se concentrer après.

 

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Vous voyez que j’utilise des mots qu’on ne trouve pas habituellement dans les livres de philosophie. Ce que je fais s’appelle d’ordinaire de l’épistémologie. Or c’est un terme qu’il n’est pas question d’utiliser. Ce mot organise depuis toujours la séparation des sciences physiques, les sciences dures, et des sciences sociales. Vous verrez au fur et mesure de ma publication que je veux les réconcilier. Il y a un mot pire encore que « épistémologue », c’est celui de « phénoménologue ». Ce dernier a été créé par un philosophe que j’aime bien par ailleurs Edmond Husserl (2) mais vous verrez au fur et à mesure que c’est à lui que j’ai le plus de reproches à formuler. Car il a vécu la montée du nazisme en Allemagne sans rien y comprendre. compris. Sa pensée est utile mais c’est typique que regroupée dans la case de la phénoménologie elle conduisit à une erreur énorme.

 

Un autre, point important pour le marketing de mes idées comme pour le choc de mon livre dans le monde des philosophes, c’est l’utilisation du JE (3). Puis je m’autoriser a parler a la première personne ? La aussi j’ai un ennemi qui est Descartes. Le JE de Descartes est un progrès assez grand dans la pensée humaine des Lumières mais il est devenu une vraie catastrophe. Descartes évidemment n’a jamais connu les charges du transport de marchandises. Il aurait facilement calculé les masses et les volumes. Il aurait tiré de ses clients un maximum de bénéfices car le JE de Descartes est en grande partie celui du comptable qui dirige , comme le dit Supiot, le monde par les nombres (4). Donc Descartes n’aurait jamais vu la pollution, ni le fuel qu’on utilisait pour les navires et pour les camions, ni les philippins et autres nationalités, (il y avait pas mal de chinois) qui travaillaient sans être déclaré dans ces zones sans droit que sont les océans. A mon avis Descartes ne connaissait meme pas l’Amérique, alors la Chine, il n’est pas question de mettre le nom de ce pays dans un moteur de recherche lorsque j’ouvre un de ces livres. J’ai son exemple. J’ai le droit de philosopher moi aussi. J’ai le droit contrairement a lui de considérer que mon corps fait partie de la nature et à partir de la de développer une nouvelle étape dans l’histoire du matérialisme.

 

 

 

Autrefois j’ai écrit un autre livre qui m’avait été inspiré par la pensée de Georges Gusdorf qui disait que sans structure scolaire il n’y aurait pas de philosophie. A l’époque j’étais entièrement sous l’influence de Marx qui avait été avant tout un journaliste puis un homme politique. Il voulait faire sortir la philosophie des collèges, si bien que je vous dois mille excuses de ne pas avoir change d’avis à ce sujet. Je suis toujours un philosophe hors cadre. Je n’écris ni pour l’université ni pour France Culture. J’aimerais bien écrire pour la politique. J’espère que mon feuilleton aidera les écologistes à s’organiser . Ce n’est pas sans arrière-pensée que je commence juste avant la COP 26. Mon site sur internet avait déjà pour but de contrer la COP 25 et de démontrer qu’elle n’aurait aucun effet sur le niveau de pollution dans le monde. Ce n’est rien de le dire le réchauffement climatique a dépassé tous les obstacles qu’on avait mis devant lui. Le monde est fou. Les catastrophes naturelles se succèdent alors que la consommation a repris pire qu’avant la crise du COVID. La civilisation a été incapable de prendre un tournant, de s’appuyer sur la décroissance relative des années 2020/21 pour rééchelonner le niveau de gaz carbonique auquel elle avait droit pour ne pas mourirMalheureusement les civilisations sont mortelles. Je sais cela depuis Pirenne qu’on m’a fait lire quand j’étais enfant et dont la pensée était tellement forte qu’elle ne m’a jamais quittée.

 

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Celui qui cite Gusdorf (5) doit s’attendre à avoir toute la profession de la philosophie sur le dos. C’est une corporation qui a sauvé l’enseignement de cette branche dans les écoles, puis qui a trouvé dans le philosophe Macron, un nouveau soutien. La thèse de Gusdorf d’ une philosophie universitaire, sans saveur et sans odeur, leur est connue. Ils s’en sont défendus en acceptant que certains de leurs collègues sortent du cadre comme par exemple  Michel Onfray et Enthoven qui ont réussi à avoir une vie publique en dehors de l’enseignement. On doit citer aussi Finkielkraut et Adele Van Reth qui travaillent sur France Culture. Ils sont les figures de la société ouverte et ne voient pas de raisons de la mettre en balance avec l’écologie. Si on se pose la question d’une société ouverte c’est qu’on a conscience qu’elle pourrait être fermée, et dans ce cas la corporation philosophique toute entière se lève pour dire non ce qui fait que la philosophie malgré ses allures de générosité et d’audace reste un des ennemis principal de l’écologie.

 

La guerre entre les deux domaines a été déclarée par un livre assez célèbre, « la pensée 68 » de Luc ferry et Alain Renaut qui accusait l’écologie d’être une forme de marxisme déguisée conduisant tout droit au stalinisme. Il y a aussi un livre plus récent avec pour titre « les 7 écologies ». Ces deux philosophes sont responsables parmi d’autres de la coupure entre les générations. Puisque le principe de responsabilité ne fonctionne pas les jeunes du 21° siècle se sont séparés de la génération du baby boom. On leur dit qu’on agissait pour l’intérêt des générations futures ce qu’on ne faisaitt pas en réalité. 

 

C’est ainsi que Hans Jonas (6), bien qu’il soit considéré comme un « père de l’écologie », a écrit en 1970 une œuvre qui se retourne contre lui en 2020 parce que l’intérêt des générations futures n’a pas du tout été pris en compte. Jonas dont le livre est intitulé « le principe de responsabilité » est de plus en plus dénigré a la veille de la COP 26 pour la faiblesse de son principe. Les catastrophes climatiques se sont suffisamment répandues dans le monde pour qu’on constate qu’aucune précaution n’avaient été prises. En deux mois les feux de brousse en Australie ont dévasté 18 millions d’hectares. S’ouvre alors dans l’écologie une des plus grandes division de ses leaders, ceux qui veulent s’appuyer sur le droit comme « la fameuse affaire du siècle » par laquelle on a fait un recours contre l’état au moment de la pandémie parce que l’état n’avait pas protégé les citoyens, et ceux qui veulent la reforme de l’ONU. Les partisans du droit sont les créateurs de la COP que les autres accusent de retarder sans arrêt les mesures à prendre au point que le risque de guerre s’est très fortement amplifié.

 

Il y a dans tout l’héritage de la branche Heidegger quelque chose de pourri que ce soit chez Harendt, Jonas, Sartre ou Ferry. C’est peut-être un peu bête mais je suis a la recherche de quelque chose qui fonctionne. La branche de la pensée qui se réclame de Heidegger fait le procès de la technique. La technique est devenue une menace alors que paradoxalement c’est dans la technique qu’on recherche une issue au réchauffement climatique. La technique est une très forte pression pour la transformation de la société démocratique en dictature. C’est ce qu’on voit chez nous avec le nucléaire qui a tendance a porter l’extrême droite au pouvoir pour survivre. Nous sommes dans une conjoncture ou le nucléaire relève la tête. On regrette d’avoir fermé la centrale de Fessenheim et personne n’a plus honte des incroyables dépassement de crédits liés à un EPR toujours pas ouvert (7). Pour structurer une société démocratique et en quelque sorte la fermer le nucléaire serait bien utile de la même façon que la Russie se sert du gaz pour justifier la dictature de Poutine.

 

 

 

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Il n’y a pas plus différents dans l’usage des sources de la philosophie grecque que Heidegger (1889-1976) et Popper (1902-1994). Alors qu’ils sont assez précisément contemporains, tous les deux disciples de Husserl le premier va trouver dans la philosophie grecque une source du fascisme tandis que le 2°, admirateur de Socrate, fera de la même œuvre de Platon, un fondement de la démocratie qu’il appellera « la société ouverte ». Tous les deux ont recours aux écrivains dits présocratiques. Chez Popper ce sont Xenophane et Anaxagore qui ont sa préférence et dont ils dit qu’ils sont comme les philosophes viennois venus des différentes contrée de l’empire pour s’interroger sur ce qu’est la connaissance. Rien de tel chez Heidegger un allemand (et non autrichien) pétris d’orgueil.Il a toute une réflexion sur le logo qui conduit pour moi à la logomachie. C’est cette dernière qui caractérise la corporation des philosophes. Ils sont victimes d’un enfermement idéologique qui les empêchent de se mêler du fonctionnement des Convention entre Parties de l’ONU alors que pourtant, si le secrétariat de la conférence annuelle des partie siège à Bonn, c’est qu’il y a bien un héritage du glorieux passé philosophique de la nation allemande.

 

Pourquoi parle-t'on d’un retour heideggerien vers les grecs comme si il avait engendré une démarche politique noble, alors que Popper qui est parti pour la Nouvelle Zelande en 1937 et qui publiera « l’open society » en 1944 va passer presque 10 ans en compagnie de Platon sans que personne ne mentionne cette source d’inspiration et comment il l’utilise. A moins que ce ne soit une préférence pour « le vrai allemand » a l’opposé du faux autrichien parce qu’au dela de sa patrie, il est d’origine juive.

 

 

 

Ma violente opposition à Heidegger est aussi une raison d’écrire a la première personne. Pour moi , et il y a la de quoi faire hurler toute la profession des philosophes, Heidegger est avant tout un dialecticien. Il a organisé en 1942 un séminaire sur Nietzsche dans lequel il anticipe une thèse, une antithèse et une synthèse dans le conflit qui oppose en pleine guerre l’Allemagne et la Russie(8). Dans la thèse, l’Allemagne perd la guerre. Dans l’antithèse la Russie gagne la guerre en étant communiste, et dans la synthèse l’Allemagne prend sa revanche au moyen de son ascendant sur le plan économique, ce que vous pouvez constater aujourd’hui avec l’ancien chancelier Werner Schröder qui est la tête de la distribution du gaz russe.

 

Écrire a la première personne serait alors encouragé par Karl Popper lui aussi, parce que, a la suite de la parution de son livre sur la société ouverte, son livre devenu un best-seller dans les pays anglo- saxons. Il a eu alors pour objectif de s’adresser directement aux citoyens pour qu’ils s’associent et réfléchissent à l’avenir de la démocratie. Popper est à l’origine d’une association puissante et riche. Il cite volontiers des philosophes comme Hume ou Rousseau ou Marx qui ne sont pas non plus des professionnels. Il a en outre beaucoup travaillé a la défense de ses idées à l’aide des conférences dans lesquelles il aimait qu’on le questionne.

 

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J’ai mentionné quelques paragraphes plus haut le principe de responsabilité de Hans Jonas. C’est curieux de découvrir qu’a son tour il est un maître pour le français Paul Ricœur qui lui même a eu pour secrétaire un petit moment, Emmanuel Macron. On a une démonstration de facto de la transmission par l’université d’une philosophie inutile qui appelle à la responsabilité des gens qui parviennent au pouvoir et n’exercent pas leur responsabilité parce qu’ils sont victimes de pressions qu’ils n’imaginaient pas. Ils sont les élèves d’une philosophie superficielle ne permettant aucune continuité dans l’action. En ce qui concernent les objectifs de lutte contre le réchauffement climatique c’est criant. Tels qu’ils ont été définis à Paris en 2015 ils sont déjà insuffisants. Ce sont des objectifs de compensation et non pas de rattrapage. En plus ils ne sont pas obligatoires. La pensée de la responsabilité technique sert à tenir le manche de la technique existante tel le pilote dans son avion, alors qu’on lui demande au contraire d’inverser la relation de l’homme et de la nature (9).

 

L’ingénierie dans le réchauffement climatique c’est ce qui va l’emporter à Glasgow. Il y a d’une part l’ingénierie financière qui s’imagine avoir fait des progrès et être capable de maîtriser le marché du carbone pour qu’il soit efficace et non plus spéculatif (faut il rappeler ici que des escrocs franco israéliens ont été condamnés pour l’émission de faux titres carbone). Il y a d’autre part l’ingénierie a proprement parler physico-chimique, qui propose d’assombrir le ciel a l’image des volcans en éruption, ou bien de faire entrer a nouveau le CO² sous terre par enfouissement. C’est une drôle de cuisine. L’Ecosse est indépendante de la Grande Bretagne en ce qui concerne sa sécurité intérieure. Ça n’empêche pas la nomination d’une sorte de général en chef des opérations de police pour toute la Grande Bretagne de façon à restreindre l’entrée provisoire des délégations qui pourraient être accusées de réintroduire le COVD et a réprimer les activistes considérés comme des terroristes. Si la société était ouverte les forces de police elles mème ferait partie des écologistes et serait chargées d’une bonne part de la lutte contre le réchauffement climatique. On en est extrêmement loin, et au contraire toujours voisins de la violence de la répression et de la torture.

 

Chacun se réjouit de la bonne nouvelle de l’entrée dans la danse du réchauffement climatique des USA très durement éprouvées par des catastrophes à répétition tels que cyclone incendie inondation et gel. Mais les USA viennent de faire sur le plan militaire la démonstration de ce qu’ils souhaitent c’est a dire l’unité d’un monde des « english-speaking people », une alliance USA/GB/Australie. Il n’y a aucune raison pour que ce soit différent sur le plan climatique. Ces trois pays a eux seuls déterminent la quantité de charbon à produire, la compétition entre le gaz et le pétrole, la part du nucléaire et in fine celle des énergies renouvelables. La place de l’Europe, l’influence de la Chine dans le monde ne les concerne pas . Ils ont fait la promotion de Popper sous la forme d’un énorme groupe de pression portant le nom de « open society » dont le rôle était de limiter l’influence du communisme, un système qui s’est développé dans ce qu’ils définissent comme une société fermée. Or deux générations se sont succédé dans cette dénonciation qui a progressivement perdue sa raison d’être en fonction de la nouvelle menace écologiste. Les défenseurs de la société ouverte s’apprêtent maintenant a la veille de Glasgow à dessiner les contours d’une nouvelle société fermée. Karl Popper le maître dont ils s’inspirent, ils s’apprêtent a le trahir.

Meleze

 

 

(1) "ce qui nous sépare [Bergson et lui, Popper] avant tout, c'est que ma définition se fonde sur une distinction rationnelle, en ce que la société close est caractérisée par la croyance en des tabous magiques, et que la société ouverte par l'aptitude de l'homme a porter sur ces tabous un jugement critique, a se servir de son intelligence avant de prendre une décision" (p 239 de l'édition de poche du seuil en 1979). 

(2) Edmund Husserl "recherches logiques" Halle 1913

(3) Descartes "discours de la methode" Leyde 1637

(4) Alain Supiot "le gouvernement par les nombres" Paris Hachette 2020

(5) G.Gusdorf "introduction aux sciences sociales" Ophrys Strasbourg 1974

(6) H.Jonas "le principe de responsabilité" Frankfurt 1970

(7) Voir a ce sujet, Alain Gras "le choix du feu Fayard Paris 2007

(8) Voir M.Heidegger oeuvres complètes - "La métaphysique en tant qu'histoire de l'être", in Nietzsche, t. 2 1941 édité par Gallimard a Paris

(9) Bernard Stiegler "la technique et le temps"