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Sylvie Brunel : A qui sert le développement durable ?

Éditions Larousse Paris 2008



 

 

Cet auteur a la particularité d'être la femme d'un ministre et d'avoir subi un divorce vers la cinquantaine de telle sorte que le développement durable dans son livre peut s'entendre au sens théorique de l'économie comme au sens pratique de sa propre relation qui n'a pas su s'inscrire dans la durée.

 
 

Le titre de son livre est un avertissement à la veille de la conférence de Copenhague. Car il se pourrait bien en effet que ceux qui organisent cette conférence et qui en espèrent un résultat sont ceux qui profitent du développement durable et non pas les ayant-droits qui peuplent la planète.

Se poser la question de savoir si il n'y a pas des forces économiques sociales et politiques qui profitent en effet des quota, des techniques, ou des mouvements financiers mis en place par le protocole de Kyoto est comme on le dit dans la sagesse populaire, « une prudence salutaire ».

Ceci dit ce livre a un thème central qu'on trouve a la page 118: « Depuis la disparition de l'union soviétique et l'apparition d'un espace mondial, le nouvel ennemi planétaire n'est plus le communisme mais le CO² » ...p 115 « Pour les pays du Nord, le réchauffement climatique justifie une nouvelle guerre froide celle qui oppose les pays riches désormais vertueux et capable de produire propre, aux pays du sud pollueurs, industrialisateurs, destructeurs de foret »

 
 
 
 

 

Sur France Culture, au moment du congres de la FAO, on a dit par ailleurs que Sylvie Brunel était l'élève de Amartya Sen, - sur lequel nous avons aussi fait une fiche bibliographique . C'est a dire qu'en tant que géographe Mme. Brunel a contribué a démontré que la carte de la faim dans le monde est très étroitement corrélée à la carte des guerres. C'est peut-être pour cette raison qu'elle oppose si violemment le nord et le sud alors que dans les dernières semaines qui nous séparent de Copenhague la plupart des observateurs opposent plutôt les USA et la Chine. C'est entre ces deux derniers qu'une nouvelle guerre froide aurait commence et pas entre l'ensemble du nord et l'ensemble du sud. Car il n'existe plus personne aujourd'hui pour classer la Chine qui vient de dépasser son ancien rival le Japon en richesse industrielle, et n'a plus en face d'elle que les USA a rattraper, parmi les états du sud.

 

 

 
 

La classification de Mme. Brunel remonte à l'époque des pays non alignés et n'a plus de raison d'être. Bien que la question des profiteurs de Copenhague soit judicieusement posée elle trouve maintenant une réponse biaisée.

 
 

L'auteur qui a une grosse expérience de l'Afrique et qui veut rendre a ce continent sa juste place dans les négociations mondiales, écrit sous le coup de très bonnes intuitions, avec une capacité journalistique a produire des formules chocs plutôt qu'elle n'argumente cette thèse sur laquelle il y a un désaccord.

Son  meilleur chapitre est certainement celui sur l'Afrique.

L'auteur dénonce « la dysnelandisation de la planete » « qui est en marche » ainsi que la « rente de la lute contre la pauvreté » et « les attentes de l'apprenti ethnologue qui sommeillent » au fond de chacun des touristes qui commencent a visiter ce continent tout autant que l'Asie ou le Moyen Orient.

 
 
 
 

Son chapitre le plus faible est surement celui dans lequel elle oppose « la durabilité forte » a la « durabilité faible ».

Non pas que la distinction soit mal expliquée ou difficile à comprendre. C'est intuitif de considérer d'une part la conservation des paysages et d'autre part l'analyse de la planète en écosystèmes globaux qui cessent de fonctionner de façon satisfaisante. Mais l'intuition ne suffit pas à réfuter le malthusianisme général de la vie politique que l'auteur voudrait bien atteindre mais qu'il ne fait qu'égratigner.

 

Car le malthusianisme ne s'expose pas. Il se cache profondément dans les entreprises , dans les think thanks et dans le racisme. Tout en penetrant par tous les pores de ces grandes negociations mondiales, tout en ayant été transformé par des developpements scientifiques dans des domaines tels que la biologie ou la genetique, il se garde de presenter une facade innocente comme fut le livre de son createur Malthus avec 150 pages toutes bêtes reposant sur la croissance demographique et la haine de la famille.

 

 

En passant du malthusianisme de Malthus a celui du 21°siecle on ne peut pas faire comme si la théorie de la relativité n'était jamais entrée sur scène et comme si internet ne dominait pas les communications mondiales. Donc on est en face d'une tendance qui n'a pas de visage découvert qui est largement utilisée par exemple par la compagnie Monsanto qui produit des plantes génétiquement modifiés et a imposé les OGM a presque tout la planète, qui pratique de façon malthusienne la vente des semences à tous le agriculteurs du monde alors qu'elle affirme en face que c'est au contraire pour nourrir la population mondiale.

Sylvie Brunel devrait se reporter la la fiche de lecture de Meleze-formation qui est intitulée Amartya Sen et Jacques Monod et qui se concluait sur la phrase suivante « C'est un leurre que d'attaquer isolement un soi disant lobby de la modification génétique des plantes alors qu'il existe en paralléle un lobby infiniment plus puissant dans le domaine vétérinaire pour la sélection des espèces animales ».

Cette double face de Janus le traitre  sévit dans toute conception malthusienne d'une éspèce, - qu'il s'agisse d'un cheval, d'un taureau, d'une espèce domestique pour la boucherie, ou de toute autre classe de génes specifiques, est aussi présente dans un domaine qui tient très a coeur a Mme. Brunel qui est celui de l'eau puisqu'on affirme de façon anti malthusienne que l'eau doit rester un bien publique alors que partout dans le monde progresse les eaux désalinisées, les barrages créateurs de conflits de distribution, et les eaux minérales en bouteille.