• Imprimer

Note de lecture sur le livre d'Andreas Malm

 

 

Anthropocene contre l’histoire

Andreas Malm

Editions de la Fabrique Paris 2017

 

 

 

Pendant longtemps je n’ai pas compris comment me servir de ce livre. Je croyais que c’etait valable qu’il ait été présenté par Munier sur France culture. Or ce dernier pas plus que moi n’avait compris sa valeur.

Car ce livre ne s’adresse pas a l’écologie et encore moins au partisan de l’anthropocène. L’auteur ne maîtrise pas la portée inconsciente de la méthode qu’il utilise pour réinsérer dans l’histoire humaine les effets de la pollution atmosphérique.

Ce dont il fait l’histoire c’est de la reconversion industrielle européenne apres la fermeture des mines de charbon.

Nous avons fait un bond énorme en entreprenant la re industrialisation de nos mines. Pendant plus de 10 ans ce fut comme on dit la traversee du desert, la fermeture des charbonnages de France la fin du regime social particulier des mineurs, la reconversion des terrils en jardins et en terrain de sport,. Le pire a été bien sur la recherche des industriels pour réinvestir dans la région.

Ce changement a ete aussi véçu par l’Angleterre par la Belgique et par l’Allemagne. Cependant cette derniere est moins avancée que nous et en entretenant encore des mines de charbon et de lignite elle flatte ainsi des industriels qui sont en Pologne et en Ukraine.

Uns chose compte plus que les autres dans ce livre c’est que l’auteur croit a la fin du charbon comme d’autres avant lui on crut au peak pétrolier.

Or il n’y a pas eu de peak petroliere et le charbon est reparti de plus belle. Normalement ça devrait mettre notre auteur en contradiction avec lui même. Mais quand on s’interroge sur le pourquoi de ces investissements capitalistes dans une planète en ruine ayant déjà largement consommé son empreinte écologique on retrouve justement le principal argument de Malm qui est que le capitalisme n’a pas conscience de sa consommation de la nature.

Ce livre en matière economique est tres savant. Il a pour centre la loi economique des rendements decroissants enoncée par Ricardo et qui est le fondement de tout liberalisme économique. Puis Malm etudie un point specifique de l’histoire de l’Angleterre entre 1790 et 1840 qui est la période pendant laquelle ce pays a vu les industriels du textile abandonné la proximité des cours d’eau pour se rapprocher des centres villes de façon a substituer la vapeur issue du charbon à l’énergie hydraulique. Malm appelle cela « le paradoxe ricardo-malthusien ». Si bien que dans le cas du charbon et de l’eau le capitalisme n’aurait jamais du abandonner l’eau pour la vapeur.

Pour expliquer une telle substitution il faut des rendements croissants aussi bien sur le plan de la production industrielle que sur le plan de la population. Et pour expliquer les rendements croissants il faut réintroduire dans le calcul économique la consommation gratuite de la nature.

P 104 «La mobilité du capital, la liberté de chercher des villes populeuses ou on peut se procurer facilement des travailleurs, a été créée par les combustibles fossiles….Tant que les moulins satisfaisaient un marché local pour le mais, le lin, la soie ou tout autre produite, un jour avec trop ou pas assez d’eau dans la rivière était une source de désagrément mais irien de plus sérieux. Les gens se consacraient à d’autres taches pendant un moment. Les filatures de coton au début du XIX° siècle fonctionnaient selon d’autres principes. »   

Les industries dans leur histoire connaissent plusieurs phases d’extension puis de déclin. C’est ainsi du peak pétrolier qui a rendu rentable l’exploitation des gaz de schistes. Les USA qui avaient perdu leur indépendance énergétique (grâce a M.Chu le génial ministre de l’énergie d’Obama) sont revenus en force sur le marché.

C’est en Suede le pays le plus propre d’Europe, qui avait refuse cette exploitation des sables bitumineux sur son propre sol ; que l’importation pour l’Europe du petrole de schiste a commencé. La langue française entretient la confusion entre gaz de schistes et petrole de schistes. Les industriels n’osent pas crier sur les toits qu’il obtiennent pour les voitures un produit raffinée dont ils n’ont jamais rendu publics les bénéfices.

Pour le charbon un point amusant dans le livre de Malmc’est qu’il le considere comme une industrie de main d’œuvre comme il y avait autrefois en Angleterre des puits de mines avec beaucoup de mineurs. Tout cela est bien fini les exploitations restantes sont souvent a ciel ouvert parcourues par des camions chargés par des extracteurs quasi robotisé et eux meme chargeant des tapis roulants qui descendent le produit dans des cargos. Les mines se sont eloignées des concentrations de la main d’oeuvre. Ca pourrait aussi donner tort à Malm si cette activité ne s’inscrivait pas à son tour en cachette comme une honte sur la planète.

Elle ne peut pas mettre fin a sa propre avidite c’est ce qu’enseigne la lutte de l’anthropocene contre l’histoire.

Nous savons que la civilisation est mortelle et nous continuons de la faire mourir. L’histoire est la plus forte. Les hommes doivent s’affronter les uns les autres pour trouver le point d’équilibre entre leur population et la nature. Nous avons déjà perdu la bataille de l’eau. Il faut espérer que grâce à des études comme celle d’Andreas Malm nous ne perdrons pas la bataille de l’air.

Meleze