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 Presentation

Normalement on ne s'attend pas a un commentaire de philosophie sur un site concernant l'écologie mais en verra que le probleme de la volonté politique posé par Alain dans les années 30 n'est pas si different de celui de la volonté politique au 21° siècle face au réchauffement climatique. Sommes nous aussi incapable d'y faire face que nous avons été incapables de faire face a la 2° guerre mondiale?

Ce philosophe nous donne donc l'occasion de commenter a notre façon la démission de Nicolas Hulot.

Alain « propos »

 

 

 

 

Le philosophe Alain (Emile Chartier de son vrai nom) est mort en 1951. Mis en cause par Michel Onfray au sujet de sa correspondance qui fait apparaître de l’antisémitisme nous prenons ici un point de vue personnel qui n’attache pas d’importance a ces débordements intellectuels d’autant qu’Alain a eu de nombreux élèves juifs qui ne se sont jamais plaint de lui. Contrairement à Michel Onfray qui a tout l’été pour s’exprimer sur France culture nous n’avons que ce texte pour défendre Alain.

 

 

 

La correspondance jusqu’à maintenant nous était inconnue. Alors que les propos sont dans notre bibliothèque depuis 1958 et n’ont jamais cessé de nous interpeller.

 

 

 

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Les propos sont des articles de journaux écrits de 1921 a 1936 dans lesquels nous avons sélectionné l’année 1929 celle de la grande crise économique. En fait Alain a commencé en 1908 mais il a suspendu son activité pendant les 4 années de la grande guerre. Les propos de 1929 commencent par « Noël d’artilleurs » et se terminent à la fin de l’année par « le chant de Noël ». C’est une année prolifique . Alain en a écrit environ 50 textes, presque un chaque semaine.

 

 

 

Il pense qu’il y a dans la guerre de 1914 une folie qui a outrepassé la philosophie grecque et sa sagesse, quoiqu’il reconnaisse lui même que la mythologie a été fort guerrière. Il exprime le sentiment que la société saura dominer ses pensées mortifères.

 

 

 

On peut dire que c’est d’actualité tant au niveau général qu’au niveau psychologique individuel.

 

 

 

Au niveau général l’Europe se désorganise. Les anglais, tout autant nourrit de philosophie grecque que l’était Alain, on déjà décidé de larguer les amarres. De tous les cotés l’Europe sous les coups du nationalisme se défait. Même les créateurs de l’Euro sont pessimistes. On ne pourra pas s’en servir comme d’une monnaie a part entière en concurrence avec le dollars : pourquoi ? Ça c’est un mystère. Les économistes qui manquent de volonté devraient lire Alain.

 

 

 

Au niveau général du scepticisme politique, du respect des partis mais de la connaissance de leurs limites, il serait tout à fait juste de comparer Alain avec Paul Valéry. Les « propos » du premier valent bien les « regards sur le monde actuel » du second. Tous les deux se sont laissé enfermer dans une sorte de complicité avec l’occupant après la déclaration de la 2°guerre mondiale. Au fur et a mesure de l’année 1929 Alain exprime des allers et retours de la volonté qui tantôt décide et tantôt s’incline. C’est vraiment intéressant, souligné par une dialectique qui n’a rien a envier au marxisme. Les deux philosophies celle d’Alain, et celle de Marx puisent la dialectique à la même source celle de Socrate et d’Aristote. Alain pratique tout le temps une façon commune paradoxale de prendre les sujets qu’ils abordent qui s’exprime parfois dans le titre du propos, pas forcément indicateur de la façon dont le sujet va se développer.

 

 

 

 

 

Au niveau psychologique on est confronté à un tempérament. Alain est certainement une personne tourmentée ne serait-ce que par la fréquence avec laquelle on retrouve le vieux mot beaucoup moins utilisé qu’aujourd’hui celui de passion. Ce terme qu’il trouve chez Homère l’autorise selon les semaines a traiter du niveau général comme du niveau individuel. La il trouve un équilibre comme quelqu’un qui se raisonnerait en écrivant un journal.

 

 

 

Ceux qui jugent Alain pour son antisémitisme se placent dans une conjoncture qui ne nous intéresse pas. Peu importe ce que le philosophe a dit ou fait pendant la 2° guerre mondiale si ce qu’il a écrit peut nous être utile au 21°siècle ? C’est le même jugement Pour Alain et pour Heidegger. Le philosophe allemand est bien antisémite mais il a prévu que la Russie victorieuse à Stalingrad en 1943 ne saurait pas profiter de sa victoire parce que le communisme éclaterait en permettant aux allemands de prendre leur revanche.

 

 

 

Chez Alain aussi la dialectique dépasse très largement la conjecture des deux guerre mondiales et pose assez facilement la question de savoir si l’homme peut faire face au réchauffement climatique, non pas parce que Alain aurait été écologiste avant l’heure, mais parce qu’il traite dans la philosophie grecque de l’affirmation de la volonté. Le spécialiste qui a exhumé la correspondance du professeur du lycée Henri IV savait très bien qu’il défiait Macron sur le terrain de la volonté politique.

 

 

 

En 1929, hormis la crise économique, il ne se passe rien de notable qui fasse ressortir plus un des propos d’Alain parmi les antres. Par contre, d’une semaine à l’autre Il y a un fil continu celui de la nouvelle guerre qui pourrait poindre et comment l’empêcher ? Après Paul Valéry, Martin Heidegger il y a encore un autre de ses contemporains dont il faut absolument que nous rapprochions Alain. Nous faisons allusion à Edmund Husserl . Pour l’un comme pour l’autre empêcher la guerre est une question de volonté et la crise de la conscience pour reprendre l’expression du fondateur de la phénoménologie est une crise de la volonté

 

 

 

Cette année 1929 ou Husserl vient a Paris pour rédiger ses méditations cartésiennes, Alain écrit de son coté « nul n’est assez cartésien ». Nous serons donc autorisés à considérer les deux philosophes ensemble pour les erreurs de leur cartésianisme. C’est un peu plus tard qu’ Husserlfera sa conférence sur « la crise de l’humanité européenne et la philosophie ». Mais le livre ne sera publié qu’ après sa mort. Les éditions Aubier qui l’ont fait traduire et editer aurait pu demander a Alain d’y travailler. Car c’est exactement le thème des « propos » et les deux philosophes se heurtent a la même limite.

 

 

 

Psychologiquement sur le plan personnel ils doivent tout a leur capacité de travail qu’ils ont mis dans leur apprentissage dans leur ambition sociale, or cette volonté s’effondre. Car elle est prisonnière d’une part de la crise économique, d’autre part de la montée aveugle du nationalisme. La volonté ne peut pas nous sortir du problème de la guerre.

 

 

 

Le problème de la volonté est à nouveau très intéressant. Il défie les algorithmes qui si ils étaient vraiment rationnels transformeraient la guerre en un jeu vidéo. Tout cela ce sont des choses dont on n’a pas le droit de parler parce les armes nucléaires ont rendu la guerre très dangereuse, très destructrice horrible à regarder. Au lieu de l’imaginer il est bien préférable d’ouvrir Alain et de se demander pourquoi il a échoué. Pourquoi le comite des intellectuels antifascistes qu’il a créé avec toute la gauche de bonne volonté (c’est l’expression d’usage) n’a pas pu faire reculer ni Hitler ni Staline.

 

 

 

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De nos jours alors qu’une troisième guerre mondiale pointe et la volonté n’y peut rien de même qu’aucune volonté n’a pu arrêter les Assad en Syrie. Le ressort des affrontements entre nations sur la planète terre n’est pas d’ordre cartésien C’est ainsi que nos deux philosophes contemporains Alain à Paris, Husserl à Berlin n’ont pu ni l’un ni l’autre arrêter la catastrophe.

 

 

 

 

 

 

 

Se faire l’avocat de la défense d’Alain ne consiste en aucun cas à abandonner son esprit critique à juger d’or tout ce qui a été écrit ou enseigné. Bien au contraire nous voulons montrer en conclusion qu’il y a une approche de la philosophie par ses non-dits qui est très différente de celle de Michel Onfray.

 

 

 

Alain a une façon bizarre d’écrire. Par exemple : « l’épique est le vrai de la guerre ». Pourquoi dans cette phrase renverse-t ‘il le sujet et son attribut ? Espère t’il approfondir le thème ? On le croirait influencé par Mallarmé s’exerçant à retourner ses idées à la recherche de la rime. Alain se trompe. Il revient de la grande guerre il a bien vu qu’elle ne comportait rien d’épique. Les épisodes individuels d’héroïsme qui voyaient se fusionner en un effort commun les combats des individus ont disparus de la guerre industrielle avec ses tranchées et ses gaz de combats. On sait depuis que toute valeur épique, chassée de la première guerre mondiale, l’a été encore plus avec la 2°guerre mondiale. Jamais les combattants de Stalingrad n’ont appliqués cet attribut d’ »épique » à leurs combats

 

 

 

Pour pouvoir utiliser cet adjectif il faudrait se tourner vers la longue marche des communistes chinois qui commence cette année même 1929. Les chinois par contre, aiment cette qualification de leur combats au cours de « la longue marche », mais Alain n’en sait strictement rien. En 1929 comme Husserl il est enfermé dans une Europe trop étroite pour les idées épiques. L’horizon franco allemand dans les années 1930 est trop étroit pour envisager la 2°guerre mondiale et y trouver une juste place. On dirait que de nos jours l’erreur faite pas Alain recommence et qu’on se heurte toujours au même refus de prendre en compte la pensée chinoise comme la clé de « la crise de conscience de la pensée européenne ».

 

 

 

Alain est agréable à lire. Chaque propos est une respiration qui fixe dans son époque des idées, des tendances qui sont toujours les nôtres et dont il faut se méfier. De nos jours les pacifistes se tournent vers la Russie comme ceux qui a l’époque du comité des intellectuels anti fascistes dirigé par Alain ont cru éviter de se retrouver les armes à la main contre l’Allemagne.

 

 

 

Il a une autre phrase intéressante dans un commentaire de l’Iliade d’Homère : « c’est la colère que tu va chanter Muse ». Alain nous offre avec cette cette citation, l’opportunité de se moquer de la critique littéraire qui n’a rien eu de mieux en 2018 que de s’emparer de Sylvain Tesson et de mettre l’Iliade dans les mains de tous nos enfants. Il faut bien reconnaître qu’Alain remettait Homere dans le contexte du pacifisme tandis M.Tesson qui vante aupres de tous nos enfants la poesie antique a pour but de remettre dans les mœurs le goût du militarisme. Mais Que faire du militarisme ? Que faire des coqs montés sur leurs ergots qui explosent avec des causes dont ils n’ont prévus ni l’horreur ni la gestion. Personne aujourd’hui ne peut voir la guerre comme une question d’honneur, comme le produit de la colère des dieux alors qu’il faut y investir tant de capitaux et détruire la planète sur laquelle l’humanité est assise.

 

 

 

Si la guerre devait avoir lieu il faudrait qu’elle trouve une dimension écologique et qu’elle oblige toutes les forces industrielles qui abusaient des ressources naturelles à y renoncer de même qu’elle doit contraindre l’industrie à procéder de façon différente.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pourtant la guerre n’est pas un volcan, pas plus qu’une catastrophe naturelle.

 

 

 

Celui qui a compilé puis publié la correspondance d’Alain cherchait d’évidence a nuire au Président de la République. Les « propos » dont on ne peut que s’inspirer pour gouverner ne serait qu’une mauvaise canne dans laquelle il suffirait de donner un bon coup de pied pour que son utilisateur en perde l’usage. S’agit-il de Michel Onfray qui parlait dans l’émission de France Culture de M. Finkielkraut qui était consacrée à Alain ? Nous n’en savons rien. Onfray est une sorte de bûcheron qui travaille depuis longtemps a la recherche du harassement sur une vision scolaire de la philosophie. Si il n’est pas a l’initiative de la cabale contre Emile Chartier il y participe avec son livre « Solstice d'hiver ». Michel Onfray s’est battu si longtemps pour que la philosophie de Heidegger soit lue à l’endroit et non à l’envers c’est à dire qu’elle soit rejetée pour son antisémitisme, avec lequel il ne transigerait pas sous aucun pretexte , qu’il est sûr, au nom des mêmes critères, qu’on ne peut pas lire Alain ou Husserl à l’envers, pour ce qu’ils omettent et non pour ce qu’ils défendent. Il y a pourtant dans la philosophie française une montagne qui est l’obstacle principal a tout acception de l’écologie qui s’appelle le « cartésianisme », qu’ Onfray défend à l’endroit évidemment pour sa valeur rationnelle alors qu’il faudra un jour le détruire. Le cartésianisme n’est pas un monolithe. On peut le lire aussi à l’envers c’est à dire supposer une trame inconsciente aux choix de son expression.

 

 

 

Onfray qui a fait de Freud sa bête noire ne voit pas de trames inconsciente chez aucun philosophe qu’il a étudié : reconnaître chez Descartes son apport à la tolérance religieuse tout en le rendant responsable de l’expansion industrielle dans le monde et de la négation du rôle des femmes étant donné que le moi dans son acceptation cartésienne était forcement un homme, lui est impossible. M.Onfray veut tout ou rien ! Donc le pacifisme d’Alain devient le pacifisme d’Onfray. L’antisémitisme lui sert de pivot pour un philo-poutinisme qu’aucun juif du 21°siècle ne saurait partager.

 

 

 

meleze