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- Catégorie : projets pour le futur
- Publié le lundi 5 janvier 2015 20:24
- Écrit par Meleze
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La decroissance au dessus
des classes
sociales
Finalement rien ne serait pire que l'application d'un programme de décroissance par le front national. Ainsi on lit dans le portail de M.Kempf Reporterre le programme de Solagro
http://www.reporterre.net/Chomage-On-peut-creer-600-000
on est fondé à réfléchir avant de se lancer tête baissée dans un tel programme. En effet les paysans ne sont pas des salariés mais des exploitants indépendants de la terre arable. Ils ne gagnent que ce qu'ils vendent. C'est donc un programme de très grande pauvreté qu'on nous présente en nous allèchant par des emplois induits. Si un tel programme se révélait nécéssaire à cause de la dureté des conditions économique ou à cause d'un retournement protectioniste en Europe il ne faudrait pas qu'il soit mis en application par un parti nationaliste prêt à faire triompher une identité nationale qu'il définit à sa guise . On ne sait pas si M.Kempf compte sur la libre volonté des gens ou sur un programme violent comme celui que les nazis avaient mis en route a Ravensbrück et qui nous est décrit par l' essai de Germaine Tillon qui est entre autre un essai sur l'économie circulaire.
Jusqu'à présent la décroissance apparaissait comme une adjonction à un programme de gauche en opposition a la mondialisation économique. Ainsi dans le film de Coline Serreau sur la production locale, cette dernière restait internationaliste par le grand nombre de pays presentés dans lesquels un retour à la terre avait apporté des solutions locales.
Ce sont les deux ans de tour de piste de Hollande qui nous obligent à regarder dans le détail et à se
dire qu'au fond ce ne serait pas une catastrophe qu'il soit obligé de démissionner puis qu'il va perdre
les prochaines élections et que le retour de la droite serait le meme en France qu'il l'a été en Grande
Bretagne lors de l'election de Cameron, une droite forte étant bien préferable au front national.
C'est dans ces conditions que notre site s'est mis à étudier Serge Latouche et vous présente cette fiche de travail Nous avons essayé d'organiser le dialogue entre ces deux economistes de la decroissance parce que Serge Latouche affirme dans un petit livre tres recent qu'il faut « renverser son mode de penser »( Livre conçu comme une interview par les éditions mille et une nuit en 2014), apres avoir lu Tim Jackson un economiste anglais dont le livre a été publié sous le titre "la prospérité sans croissance".
Nous nous sommes donc demandé si il y était parvenu.http://www.decroissance.org/
La décroissance en France crée un lien entre ses partisans et l'économie russe qui s'efforce de vivre en autarcie. De même il y a une parenté avec les idées économiques du Front National qui n'a pas non plus d'objection a une pensée économique parcimonieuse. Serge Latouche dans son livre tiré de son interview sur France culture ne nie pas ces conséquences de la pensée de la décroissance. Il nous aide a prendre conscience de la difference qu'il y aurait entre le choix d'une décroissance par le front national ou par le libre choix des citoyens.
On peut regrouper ses idées en plusieurs thèmes
1) sur le plan des idées politiques
2) sur le plan des idées économiques
3) sur le plan des idées en anthropologie
Dans ce livre d'interview « renverser sa maniere de penser » Latouche regroupe un peu tout ces thèmes parce qu'il est arrivé au terme d'une évolution déjà longue comme l'llustre la liste de ses 7 titres chez Fayard.
On est obligé de commencer au plan économique parce que on commence avec une erreur conjoncturelle importante sur la hausse des prix du pétrole. Latouche envisage un prix du baril (p 21) a 400 USD alors que ce prix est tombé en dessous de 70. On pourrait dire que c'est le pire cadeau que l'industrie pétroliere fait à l'effort mondial pour contenir le rechauffement climatique. Cette année a Paris il n'y aura pas besoin d'espionnage, ni de fuite sur internet des mails des savants comme à Copenhague parce que l'industrie pétroliere doublée de l'industrie charbonnière a déja annoncé la couleur.
Par contre on aurait tort de croire que parce que les énergies fossiles vont une fois de plus gagner du temps sur la lutte contre le rechauffement climatique que les partisans de la decroissance vont se laisser faire. Bien au contraire ils sont plus forts que jamais et vont constituer un groupe avec lequel il faut compter car ils sont déjà partout present dans la lutte contre « les grands projets inutiles » qu'ils combattent en France et à l'etranger.
Ces zones a defendre on aurait tort de ne pas les passer au crible du critère de la rationalisation des choix budgetaire joliment condensée par Latouche dans la formule « la prospérité sans la croissance » (p137) Que veut -il dire exactement ? On est au croisement des differents themes exposés ci dessus et aussi au terme du plan d'investissement de Giscard d'Estaing dans l'energie nucleaire qui avait été justifié par la rationalisation des choix budgetaires. Vous allez devoir lire une longue citation explicative tirée d'un autre article de Serge Latouche parus dans la revue du M.A.U.S.S nr 42 p 179 paru a Paris en 1993
citons : « La theorie economique est un non sens ecologique. Certes la première loi de la thermodynamique nous apprend que rien ne se perd rien ne se crée, toutefois l'extraordinaire processus de la régénération spontanée meme assisté par l'homme ne peut aller à un rythme forcené. Il ne permet de toute façon pas de restaurer a l'identique la totalité des produits degradés par l'activité industrielle. Non seulement les processus de transformation de l'energie ne sont pas reversibles mais il en est de meme en pratique de la matiere »... « Le processus économique réel, à la difference du modele theorique n'est pas un processus purement menacanique et reversible. Il est donc de nature entropique. Il se deroule dans la biosphere dans un temps fleché »
Dans notre optique nous sommes tres ému de lire cela. Bien qu'écrasé par une enorme quantité de sciences fausses, de tentatives de developpement economique qui ne conduisent qu'a une inegalite oligarchique (Latouche p 146), ce résultat au croisement de l'economie de l'anthropologie et de la politique finira par triompher du monetarisme jusqu'à present indestructible.
L'économie est une religion nous dit Serge Latouche.tandis qu'il se definit lui comme « un athéee en matiere d'economie » C'est ainsi que le developpement durable est a ses yeux une formule creuse destiné à des croyants et non pas a des citoyens athées et raisonnables. Dès 1994 Serge Latouche ecrivait dans la revue Tiers Monde que « le developpement durable est un concept alibi, main invisible et main mise sur la nature. »
C'est meme une position qui lui vaudra une polémique avec un autre economiste de la decroissance qui est Serge Gadrey car faut-il dire decroissance ou a croissance. ? Est-ce que la critique de la main mise sur la nature qui est a la fois un renouvellement du colonialisme et une conquete de domaines entierement nouveaux dans l'infiniment petit parce que la nature humaine fait aussi partie de la commercialisation mise en branle par le developpement durable doit conduire au refus de toute craoissance ou a l'amnagement de cette croissance ?
Est-ce que nous voulons un retour en arriere ou comme le propose l'economiste Tim Jackson « une prosérité sans croissance » ? C'est le point sur lequel Serge latouche s'efforce de renverser sa pensée »
En politique il se réclame de Cornelius Castoriadis. L'exemple qui doit compter à nos yeux est celui de la Grece qui s'efforce (p 58) « de faire se rencontrer les décroissants volontaires et les décroissants forcés ».
Comme Hervé Kempf, Serge Latouche prone un retour a la terre (p58) comme une resilience. Il vaut mieux ecrit-il (p 61) « développer la résilience que la spécialisation »
Serge Latouche est né a Vannes c'est un contemporain du romancier Louis Guilloux qui nous montre dans ses souvenir comment vivait les petites gens autour de l'echoppe de son père cordonnier. Cependant grace a l'apport de Castoriadis il est plus attentif à la separation des classes sociales
Il écrit : « le système est en train de se fracasser contre les limites biologiques de la planete engendrant une menace qui touche tout le monde » « Par conséquent sur la question du sujet je pense que la conception de l'histoire héritée de hegel et du marxisme, celle d'un sujet prédestiné à accomplir une mission historique, est une vision à laquelle nous devons renoncer. Nous devons nous liberer de l'idée que l'histoire est l'oeuvre d'un sujet particulier étant tous concernés par la faillite de cette civilisation » (69)
Il ne prete pas le flanc à l'accusation d'avoir un programme applicable par le front national mais il perd a son tour en credibilité quand il ajoute que dans la faillite de la civilisation (p 44 ) une autre civilisation nait. Il se prend pour Michel Serres. La penetration des idées de l'ecologie dans le systeme capitaliste n'est pas un phénomène de civilisation. La plupart des ecologistes sont des pacifistes. Tres peu d'entre nous se disent a la fois ecologiste et militariste pace que le systeme capitaliste engendre la guerre.
Serge Latouche n'y pense pas du tout. Il se contente de rever a une economie sans monnaie, au « desir de fonder une économie sur le don » (p 52) Sa critique de l'économie et ses voyages l'ont entrainé vers l'anthropologie. Il a rencontré Jean Pronteau aux editions Anthropos puis Alain Caillé le sociologue a l'origine du M.A.U.S.S. C'est dans cette revue a l'occasion du numero special de 2013 que nous avons déjà cité qu'il expose le mieux sa vision politique :
« Il ne s'agit pas de substituer une bonne économie a une mauvaise, une bonne croissance ou un bon developpement à des mauvais, en repeignant en vert, ou en social, ou en équitable, avec une dose plus ou moins forte de régulation étatique ou d'hybridation par la logique du don et de la solidarité, mais de sortir de l'économie »
« Cette formule est généralement incomprise, car il est difficile pour les contemporains de prendre conscience que l'économie est une religion. Quand nous disons que pour parler de façon rigoureuse nous devrions parler d'acroissance comme on parle d'atheisme c'est de cela qu'il s'agit. Devenir des athées de la croissance et de l'économie ».
Sur le plan anthropologique il ne reste pas grand-chose a ajouter une fois mentionnée l'appartenance de serge Latouche au M.A.U.S.S (mouvement anti utilitaire dans les sciences sociales). Le mouvement de la decroissance espere dans son ensemble se debarasser d'une monnaie toujours définie par l'etalon or pour la remplacer par une monnaie virtuelle dont toutes les compensations nationales et internationales se feraient par ordinateur et ou les droits des individus seraient definis d'une part par leur travail et d'autres part par leurs dons.
Serge Latouche et ses confreres tels que Pacal Viveret et aussi Tim Jackson depassent donc largement Marcel Mauss dont ils se reclament car ce dernier dans son œuvre n'avait guere ete plus loin que quelques conversations avec son ami Simiand.
Pourtant dans son effort pour fonder un nouvel univers monétaire nous sommes fondés a remarquer M.Latouche ne pousse pas son raisonnement assez loin.
Il aurait du apprendre a faire remonter la séparation entre intellectuelle de l'economie politique en tant que religion de la valeur au philosphe René Descarte auteur de la celebre formule « je pense donc je suis » et qui omet constamment d'ajouter « a condition que je sois un homme et que tout ce qui se pense se compte ». La methode cartesienne donne l'illusion de pouvoir separer la comptabilité de la sociologie. Elle a dominé l'humanité jusqu’à la decouverte de l'infiniment petit et de l'infiniment grand a l'interieur desquelles elle n'est plus vraie. Les francais ont la religion de l'economie et du faux calcul economique parce qu'ils sont cartesiens ce qu'ils assimilent a du genie au risque de leur perte. On peut aussi rappeller que les socialiste sont en outre de pires cartesiens que les autres partis politiques parce que l'anniversaire des 400 de René Descarte etait tombes au moment ou Jospin etait premier ministre en 1997 de memoire et qu'ainsi Serge Latouche avait une occasion unique de définir l'origine de ce mal qu'il denonce.
Par ailleur de meme que Serge latouche ne remonte pas dans ses references jusqu’à René Descartes, il ignore aussi le phycisien allemand Wener Heisenberg.
Latouche cite trois auteurs : Jacques Ellul, Ivan Illich et Cornelius Castoriadis. Pourquoi ne s'est-il pas interessé a Heisenberg ? Car ce dernier en matiere de decroissance offre un exemple unique au monde a savoir qu'il dirigeait le programme nucleaire des nazis pendant la 2° guerre mondiale et qu'il a refusé de le developper et de mettre au point la bombe atomique.
Outre des circonstances speciales on peut nier qu'il s'agit de decroissance. Pourtant ce physicien a laissé derriere lui un livre philosophique qui s'appelle « le manuscrit de 1942 » (a ne pas confondre avec celui de 1842) ou il explique qu'il va s'engager pour que l'Allemagne ne soit pas a nouveau bombardée comme elle l'avait été pendant la premiere guerre mondiale.
Il existe un modele de ce que la France doit faire pour renouveler son parc nucleaire. Ce modele appartient a l'histoire du fascisme et permet de repondre a la tentative de main mise par cette meme force politique sur les programmes de la décroissance écologiste. Peut-etre que M.Latouche n'a pas eu l'occasion de reflechir au renouvellement de la pensée scientifique apportée par la physique des quanta parce que le livre de Heisenberg n'est paru qu'en 1984. M.Latouche ne cite que l'economiste roumain Georgescu Roentgen.