Popper 2° feuillet

 

 

 

 

 

    L’écologie ne demande pas une dictature. La plupart des adversaires de l’écologie croient que le réchauffement climatique est une vérité et donc qu’il va donner un sens à l’histoire. Par esprit de contradiction, comme ils sont opposés, comme Karl Popper, à la moindre insinuation, à la moindre allusion au sens de l’histoire, ils prétendent prévoir que la vérité écologiste conduira  à la dictature.

 

 

 

    C’est qu’avec Popper et l’idée de vérité, ils jettent le bébé avec l’eau du bain. Ils oublient la certitude et confondent vérité et certitude qui sont deux classes de faits totalement différents chez le philosophe. La vérité est objective tandis que la certitude est subjective. La recherche scientifique n’est pas d’ordre objective, elle est toujours subjective car elle est formée de conjectures (attention a ne pas confondre avec l’autre mot très proche utilisé en économie politique, celui de conjoncture).  les conjectures sont d’origine mathématiques et désignent des hypothèses qui ne sont pas encore résolues. « Le savoir scientifique est un savoir conjectural » écrit Popper(1) Nous ne pouvons jamais être certains que nous ne nous sommes pas trompés.

 

 

 

 

 

 

 

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   C’est évidemment le probleme du réchauffement climatique. Quel philosophe autre que Karl Popper pourrait écrire une plus belle défense du GIEC qui a été tant de fois remis en cause par les sceptiques, et les négateurs. Alors qu’il s’agit bien toujours d’une hypothèse. Si « la vérité est la concordance d’un énoncé avec les faits », je cite encore Popper dans une de ses conférences (2), l »hypothèse globale du réchauffement n’a pas été encore tout a fait été complètement établie Si il est difficile de concevoir une expérience décisive et renouvelable, on s’en approche de plus en plus par accroissement de la connaissance scientifique, par accroissement des hypothèses de second ordre, par des vérifications diverses, et avec modestie en sachant qu’on n’est jamais sur de rien e qu’on peut se tromper.

 

 

 

 

 

 

 

  Ainsi les discussions sur le climat et tout spécialement les COP ont éliminé la partie hypothétique pour se fourvoyer dans la partie vérité. C’est ainsi qu’à Copenhague le travail d’un savant anglais d’ East Anglia a fui sur le net; que tout le monde a crié "c’est la vérité" et que la réunion mondiale a été foutue en l’air alors qu’il ne s’agissait que d’une conjecture parmi les autres qui aurait permis si on l’avait analysé de s’approcher des objectifs nécessaires par pays comme on l’a fait a Paris en 2015 et on aurait gagne 6 ans. Maintenant que les 6 ans sont perdu il ne reste que les yeux pour pleurer devant les catastrophes naturelles qui s’accumulent. A Copenhague, en 2009, même les anglais qui avaient accueilli Popper l’autrichien, dans leur université de Cambridge l’avait oublié.

 

 

 

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    Jesignale en passant que ce chercheur M.Jones (3) s’est suicidé, et que je ne suis pas seul à m’interroger sur les 10 années de retard ainsi que sur la responsabilité "popperienne" de la Grande Bretagne dans le réchauffement climatique, parce qu’on est en train de tourner un film sur cette histoire.

 

 

 

 

 

 

 

    Attention cependant le fait qu’une conjecture ait été transformée en vérité est loin d ‘être neutre. Elle nous enseigne que l’écologie a des ennemis extrêmement puissant qui sont prêts à toutes les manipulations possibles de la vérité. En effet des qu’il y a écologie et décision il y a toujours un groupe de pression par derrière pour essayer d’en profiter. Par exemple si les prix du gaz s’envolent le nucléaire va relever la tête. Il va affirmer qu’avec lui les prix seraient moins chers et faire disparaître par la trappe tous les efforts qui ont été faits entre temps dans les énergies renouvelables. La vérité par essence est soumise a tous les vents. C’est très dangereux.

 

 

 

 

 

 

 

La chose la plus étrange a mes yeux dans les COP c’est que les écologistes se soient laissé divisés en nations. Comment se fait il qu’il n’existe pas d’internationale écologiste puisque tous les partis verts dans tous les pays du monde ont le même programme ? De nouveau à Glasgow on va vers un programme pays par pays. Rien de sera obligatoire et de nombreux pays s’apprêteront d’avance à ne rien faire du tout. En pratique les réunions des cop sont dominées par les intérêts du pays qui les accueille. Un cas très visible avait été donné par la Pologne qui accueillaient tous les autres pays du monde qui discutaient de mettre fin au charbon alors que le but de la Pologne était de continuer à exploiter son charbon encore abondant et très populaire. Aujourd'hui avec les anglais, qui sont proches des polonais et voudraient bien les inciter a quitter l’Europe comme ils viennent de le faire , vont tirer parti de la COP 26 avant tout pour eux mêmes. Ils renforceront leurs liens avec le monde anglo-saxon et essayeront de faire pression sur la Chine qui leur a repris Hong Kong.

 

 

 

 

 

 

 

La COP 26 est toujours impliquée dans une partie politicienne comme la jeunesse l’a très bien compris. Pour que les COP donnent naissance a une société ouverte il faudrait qu’elles cessent de s’obséder sur les nombres et qu’elle s’appuient sur les individus. C’est pourtant, un anglais, John Locke, qui a fondé le droit individuel a partir de l’expérience de la conquête de l’Amérique en disant que les tribus natives avaient les mêmes "droits naturels" que les immigrants. On a vu ce que ça a donné : écrasement des indiens, importations des esclaves, multi communautarisme et ploutocratie. On ne peut pas revenir en arrière mais les principes énoncés sont des lois au dessus de l’histoire et on peut essayer de se représenter ce qu'elles donneraient si on se décidait à les appliquer.

 

 

 

 

 

 

 

  Les tribus existantes dans le monde qu’on nomme les peuples premiers ont compris qu’elle n’avaient jamais eu de droits écrits sur les terres qu’elles occupent. Elle ont compris que les colonisateurs s’étaient autorisés à les spolier. Nous ne parlons pas ici du passé de la disparition des incas ou des aztèques. Nous parlons de ce qui se passe chaque jour dans la foret amazonienne au Congo et dans bien d’autres régions du monde. A commencer par eux, les COP n’ont pas compris qu’elles devaient défendre les droits naturels de toute leur force. Au contraire elle les compromettent comme dans le cas des inuits au Groenland qui deviennent soudainement riches à cause de ressources minières libérées par les glaces et ceci sans avoir jamais possédé le moindre cadastre.

 

 

 

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   C’est une heureuse surprise que le mauvais traitement de la verité scientifique par l’ONU débouché sur le drame des peuples premiers

 

 

 

 

 

 

 

    C'est aussi curieux comme les COP ressemblent à cet opera de Darius Milhaud "Médée". Cette femme  abandonnée par son époux  Jason tue tous ses enfants. Est-ce que les peuples premiers malgré le nom dont on les inflige et leur vraisemblable très ancienne histoire, ne sont pas face au progrès technique comme nos enfants ? Or c'est ainsi que Médée, que les COP se comportent avec les peuples premiers, qui sont condamnés à la mort (4). Il y a bien une reconnaissance de principe mais en quoi peut elle faire procéder aux reculs de la déforestation ou à la défense de la biodiversité animale ? Ce n'est pas possible à cause de la division du monde en états indépendants sur les territoires desquels on ne peut pas faire appliquer la loi.

 

 

 

   Les droits naturels des peuples premiers sont une conséquence directe de la science, et de la façon de la faire avancer, que les nations ne peuvent pas supporter au delà  d’un certain seuil. Ce constat entraîne avec lui des conséquences immenses quand on passe du domaine physique au domaine économique.

 

 

 

 

 

 

 

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    Les économistes ne sont pas naïfs. Ils sont les premiers à se rendre compte à quel point leur technique souffre de la division entre les nations pour devenir une science. En principe les théories de l’offre et de la demande ont été établies pour faire abstraction des différentes régions du monde. A un moment donné la Grande Bretagne parvient a une puissance coloniale telle qu’elle croit pouvoir dominer la formation des prix en se servant des ressources en capital et en hommes depuis n’importe quel point du monde.

 

 

 

    En pratique ça s’est passé tout autrement. On est à un point d’articulation de la discussion mondiale ou très nombreux économistes ont pris la défense des biens publics, et sont prêts prêts à affronter manu militari leurs adversaires néo libéraux. Le principal bien public dans le monde étant la paix entre les nations il n’est pas nécessaire d'avoir une grande imagination pour anticiper (comme l’a fait Karl Popper en 1937) ce qui va se passer du fait que la division entre les nations l’emporte sur la raison scientifique qui fixe les objectifs à atteindre pour faire face au réchauffement climatique.

 

 

 

    Les biens publics ont été reconnus grâce à l’action d'économistes comme Amartya Sen (5) ou Tim Jackson (6) le théoricien de l’économie circulaire (quel plaisir de citer des économistes anglais si opposé à Marshall, a Pigou ou a Hayek). Mais le problème est que, des que les biens publics sont reconnus, le marché s’avance et grignote par la valorisation monétaire tous les droits de propriété qui n’ont pas encore été établis. Prenons l’exemple de l’eau qui n’est pas universellement privatisée c’est un domaine dans lequel les partisans du bien public perdent la guerre contre les partisans de la privatisation. L’eau est mise en bouteille. Les frais d’adduction et de consommation sont presque universellement payants, en tous cas intégrés aux coûts. L’eau de mer est dessalée à grand renfort de capitaux. La bataille de l’irrigation avec l’agriculture qui s’est toujours servi de l’eau sans la payer fait rage dans le monde entier étant donné que des régions entières d’Afrique et d’Asie n’ont même plus d’eau à boire.

 

 

 

   Partout ou il y a des biens publics recommence cet affrontement. La science a mis à jour les domaines de l’infiniment petit et de l’infiniment grand. On ne les connaissait pas au départ. On les découvre puis on les marchandise. Quels drames ne sont-ils pas en gestation dans la privatisation du génome humain ou de l’autre cote dans la privatisation de l’espace? Déjà on rapporte sur l’usage des drones vendus à des armées privées. De l’autre coté on espère par les manipulations génétiques s’acheter une longévité, presque l’immortalité, si bien que la ploutocratie issue du capitalisme aura mis en vente et acheté les résultats du code génétique avant qu’on puisse prendre conscience de tous les autres développements qui auraient pu en être issu.

 

 

 

   Si il n’y a pas de sciences économiques c’est que le point de vue mondial est systématiquement toujours déformé par le point de vue national. Les économistes qui défendent la Chine ne peuvent être d’accord avec ceux qui défendent les USA ou l’Europe. La recherche d’un terrain d’entente entre eux est plus difficile que le protocole de paix entre Israël et ses voisins autour des droit du peuple palestinien.

 

 

 

   La plupart du temps les économistes enseignent les contradictions entre le marché et le nationalisme en les atténuant. Ils vous disent par exemple qu'en Grande Bretagne au 19° siècle il y avait la conception du libre accès des marchandises tandis qu’en Allemagne on commençait au contraire à développer le protectionnisme (7). Comment peut-on atténuer cela ? Les économistes de part et d’autres sont allés à deux guerres mondiales (je n’ai pas compté les morts) et sont toujours en train de se battre a ce sujet, sans jamais reconnaître leur responsabilité, et saisissent l'opportunité de la crise sanitaire pour recommencer. La crise sanitaire qui a contraint les nations a une coopération mondiale via l'OMS tout en donnant l’illusion que chaque pays pouvait se procurer ses fournitures sur son propre sol.

 

 

 

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    la controverse entre économistes est-elle soluble en 10 ans? C'est dans ce but que j'essaye de prendre de la hauteur et de montrer d'un point de vue philosophique le coté absurde de ces techniciens qui ont les bons chiffres tout en les tordant dans le sens du poil du gouvernement qu'il servent. Je me dis qu'en me servant de Popper très célèbre pour avoir su prendre de la hauteur grâce a son tour du monde, auquel il fut contraint par la montée du nazisme les gens comprendrons que tout en écrivant la "société ouverte et ses ennemis" il n'a pas atteint un point de vue aussi universel qu'il l'aurait souhaité :

 

 

 

 

 

 

 

  1. d'abord il ignore tout de la Chine. Sa proximité depuis la Nouvelle Zélande ne l'a malheureusement pas poussé à s’intéresser à la révolution de 1948 à Beijing. Concentré comme il l’était sur les bombes atomiques il n'a pas su reconnaître le peuple qui allait prendre la direction du 21°siècle.

  2. Il lui semblait que le communisme était définitif, et que le marxisme englobait les ennemis de la démocratie.Or le communisme s'est transformé de l’intérieur. Il vient et participe aux conventions entre les parties organisées par l'ONU. Il a même la presidence du Conseil de Sécurité en pleine guerre avec l’Ukraine.

  3. Sa logique de la recherche scientifique vient effleurer le domaine de compétence de son ami Hayek, tout en se gardant bien de la moindre allusion au domaine économique. Si bien que s’établira la liaison entre Hayek et Milton Friedman qui créeront le monétarisme, la doctrine économique qui a dominé le monde occidental de 1970 a nos jours, comme une sorte de dictature.

 

 

 

 

 

 

 

   Est-ce qu’il y a un signe d’espoir ? Un économiste anglais a atteint un point de vus assez universel : Nicholas Stern. Je suis allé l’écouter tout spécialement au Collège de France. Vous pouvez vous reporter a son discours lors de la précedente COP 21 qui s’est tenue a Lima au Pérou.

 

 

 

    Cependant Stern n’étudie pas le bitcoin. Or tous les capitaux frauduleux se réfugient la dedans et échappent ainsi à l’obligation de se réinvestir dans la lutte contre le réchauffement climatique. Tôt ou tard il faudra l’interdire. Ça signifie qu’il existe sans doute un bien public dans l’utilisation qui est faite de l’information, le bitcoin étant entièrement dépendant de sa valeur informatique.

 

 

 

     Qu’est ce qu’on en fera ? Y a t-il la, un espoir de voir l’administration de l’ONU prendre une décharge électrique l’obligeant à une révolution sur elle même ?

 

 

 

 

 

 

 

Meleze

 

 

 

 

 

(1) voit Popper « la quete inachevée » Routledge Cambridge 1976

 

(2) conférence a Paris 1935

 

(3) Drama beyond the trick

 

(4) cf déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.

 

(5) Amartya Sen : « Development as freedom » New York Knopf 1999

 

(6) Tim Jackson : « la prosperite sans croissance » Routledge 2009

 

(7) voit Andreas Malm « fossil capital : l’origine du rechauffement climatique » verso book 2016